Crédit indépendant

En Suisse, les indépendants (freelances, artisans, professions libérales, etc.) ne sont pas toujours éligibles aux mêmes solutions de financement que les entreprises constituées en société (SARL, SA, etc.). L’obtention d’un crédit commercial standard peut s’avérer complexe pour un indépendant, en raison d’un historique financier plus court, d’une structure simplifiée ou de revenus irréguliers.

Le crédit privé (ou « crédit à la consommation ») peut alors représenter une solution de financement alternative pour les besoins ponctuels ou les investissements nécessaires à l’activité d’un indépendant. Voici un éclairage sur ce type de crédit et son fonctionnement en Suisse.


1. Le crédit privé, c’est quoi ?

  • Définition : Le crédit indépendant privé (parfois appelé « prêt personnel ») est un prêt accordé à une personne physique. En Suisse, il est réglementé par la Loi fédérale sur le crédit à la consommation (LCC).
  • Montants : Généralement compris entre quelques milliers et plusieurs dizaines de milliers de francs.
  • Durée de remboursement : De 12 à 84 mois, selon l’établissement prêteur et les besoins de l’emprunteur.
  • Taux d’intérêt : Variable, plafonné par la LCC (taux maximal légal), mais dépend également du profil de risque de l’emprunteur.

2. Pourquoi les indépendants y recourent-ils ?

  1. Difficultés à accéder aux prêts professionnels : Les banques exigent souvent des garanties (bilans solides, avoirs, caution) et un historique comptable de plusieurs années. Or, un indépendant peut manquer de ce track record, ou présenter des revenus saisonniers et irréguliers.
  2. Souplesse et rapidité : L’obtention d’un crédit privé peut être plus rapide qu’un crédit commercial, surtout si le montant reste modeste. Les démarches administratives sont généralement plus simples.
  3. Financer un besoin temporaire ou un investissement modéré : Par exemple, l’achat de matériel de travail (ordinateur, outillage professionnel), une formation, ou pour pallier un décalage de trésorerie (factures clients en attente de paiement).

3. Les conditions d’octroi

  • Statut et revenus : Même si vous êtes indépendant, vous devrez prouver une certaine stabilité de revenus. Les établissements de crédit privés examinent vos justificatifs (déclarations d’impôts, relevés bancaires, attestations de mandats, etc.).
  • Note de crédit (Credit Check) : Les organismes prêteurs consultent le registre ZEK (Zentralstelle für Kreditinformation) pour vérifier votre situation financière et vos éventuelles dettes en cours.
  • Âge et résidence : Être majeur (18 ans révolus) et résider en Suisse de manière stable (permis de séjour ou nationalité suisse).

4. Avantages et limites du crédit privé pour indépendants

4.1. Avantages

  1. Accessibilité : Une solution parfois plus abordable que les prêts bancaires professionnels, surtout si votre structure est récente.
  2. Rapidité : Les procédures sont souvent simplifiées (demande en ligne, traitement rapide, etc.).
  3. Flexibilité d’usage : Le prêt n’est pas nécessairement affecté à un usage précis (comme l’achat d’un bien immobilier ou d’une machine). Vous pouvez donc financer divers besoins professionnels ou personnels.

4.2. Limites

  1. Montants limités : Si vous avez besoin de sommes très importantes pour développer votre activité (p. ex. plus de 100’000 CHF), un crédit privé risque d’être insuffisant.
  2. Taux d’intérêt plus élevés : Le crédit privé peut coûter plus cher qu’un prêt bancaire traditionnel, en particulier si le risque est jugé important.
  3. Responsabilité personnelle : Vous engagez votre patrimoine privé, puisque le crédit est conclu à votre nom. En cas de difficultés de remboursement, cela peut compromettre votre situation financière personnelle.

5. Conseils avant de souscrire un crédit privé

  1. Évaluer son besoin réel : Déterminez précisément le montant nécessaire. Un budget professionnel clair évite de s’endetter au-delà du raisonnable.
  2. Comparer les offres : Les conditions (taux, frais, durée) peuvent varier d’un organisme à l’autre. Faites jouer la concurrence en demandant plusieurs devis.
  3. Vérifier sa capacité de remboursement : Anticipez vos rentrées et sorties de fonds (chiffre d’affaires, charges). Assurez-vous que vos revenus professionnels couvriront la mensualité, y compris lors de périodes creuses.
  4. Penser à l’assurance : Certaines offres de crédit privé incluent (ou proposent en option) une assurance couvrant l’incapacité de gain ou le chômage. Cela peut sécuriser votre situation en cas d’aléa.
  5. Rester attentif aux délais de révocation : La LCC prévoit un droit de révocation de 14 jours. Si vous changez d’avis ou si vous trouvez une meilleure offre, vous pouvez y recourir.

6. Alternatives à explorer

Le crédit privé n’est pas la seule option pour un indépendant. Si votre projet ou votre activité nécessite davantage de financement, voici d’autres pistes :

  • Microcrédit : Organismes spécialisés qui accordent de petits prêts aux indépendants ou entrepreneurs (souvent couplés à un accompagnement).
  • Leasing : Pour financer un véhicule professionnel ou un équipement spécifique.
  • Crowdfunding : Plateformes de financement participatif (crowdlending ou crowdinvesting) selon la nature du projet.
  • Cautionnements et garanties : Pour faciliter l’obtention d’un crédit bancaire, en s’appuyant sur une société de cautionnement (p. ex. Cautionnement Romandie).
  • Épargne personnelle ou prêts familiaux : Une solution à envisager si l’on souhaite éviter les intérêts élevés et conserver sa flexibilité.

Pour les indépendants en Suisse, le crédit privé peut constituer une porte d’entrée intéressante afin de financer un besoin ponctuel (achat de matériel, comblement de trésorerie, lancement d’une activité secondaire, etc.) lorsque l’accès aux prêts bancaires professionnels est plus difficile. Cette solution demeure toutefois à utiliser avec prudence, en tenant compte du taux d’intérêt, de la durée d’emprunt et surtout de votre capacité de remboursement sur le long terme.

Conseil final : Avant de vous engager, n’hésitez pas à solliciter plusieurs offres et à demander conseil à un spécialiste (fiduciaire, conseiller financier) pour déterminer si le crédit privé est vraiment adapté à votre situation d’indépendant.